A l’heure où le Xanax s’infiltre dans la sève de mes congénères,
Dont les premières rides suggèrent qu’il est déjà l’heure d’être rongé d’remords
J’pète la forme, seconde jeunesse, comme une horloge montée sur ressort
La dépression m’ignore, sportifs, pop-stars, les morveux ont des morveux pour idole
moi, j’ai désormais l’âge des députés, hommes d’affaire, producteurs, et autres gangsters de haut-vol
Là où le bat blesse, c’est que j’écris ces lignes dans un deux pièces, pas plus,
Mais mon existence est trop remplie ma puce, à l’inverse de mes poches
Tout l’contraire de ceux qui s’font dépigmenter l’anus
J’squatte avec les minots sous l’abribus, flirte avec les ieuvs dans leur loft, aucun hiatus
30 berges, équilibre parfait, j’respire à pleins poumons avant qu’il ne reste que des effluves de goudron
L’air est appelé à se vicier, mais j’suis prêt à sortir d’la pièce en derche qui à y enfermer l’huissier,
et si j’vis vieux, qui sait ? faites que ma dernière heure n’ait pas la noirceur de l’intérieur d’un canon scié…
faites que ma dernière heure n’ait pas la noirceur d’un canon scié
trentenaire..
à c’t’âge ma mère sortait à peine de la galère
avec la détermination farouche d’un mercenaire
Autres temps, autres sphères, autres contraintes
Nos incompréhensions en portent l’empreinte
Fallait être déter pour essayer d’lui faire accepter ma complaisance pour ce statut précaire
J’parle au passé non pas que j’en sois venu à bout, mais à force d’embrouilles le sujet est devenu tabou
Bien sûr, comme les saisons, les envies passent, mais l’CDI reste pour moi un repoussoir qui manque de classe
Maman, tu m’traites rarement de petit-bourgeois
mais quand c’est l’cas, venant de toi, c’est presque courtois
Faire le choix de ne taffer qu’une année sur deux
et flirter avec des découverts gérés à vue de nez
Sont des luxes que toi, t’aurais pas pu t’permettre de prendre
En cas d’coup dur, moi, je saurais chez qui me rendre
En cas d’coup dur, moi, je saurais chez qui me rendre.. et merci pour ça..
[Linco]
À l’heure où certains pètent le feu j’ai moins peur de mourir vieux
Certains jouent à être heureux ? Moi je progresse comme un dieu
Je tourne une page
Entre deux nages
Deux cages
Deux rages
Je croque la vie comme un anthropophage
La trentaine agissante comme une crème apaisante
Je trempe mes remords retors
Pas monté sur ressort comme Beufa et consorts
J’ai moins peur que mes pores vieillissent
Jadis je pleurais mes rêves qu’les années salissent
Aujourd’hui je m’immisce dans mon Itinéraire bis
Lubrifié comme un préservatif
J’me faufile et glisse
Dans l’interstice interdit de l’entre-deux vices
Je reste évasif pragmatique créatif
Et lisse des problèmes classés sans suite
Directions fortuites
Entre Morrison et le Christ
Entre ces tendances nocives j’oscille
Sans le regret du novice
J’éclipse une première jeunesse qui taille sa piste
Si la jeunesse n’est qu’un mot
Je vis entre les lignes de son récit
Un peu de nostalgie sous forme de grumeaux
Toujours le sentiment d’être une goutte d’eau
Mais un peu consciente
Humide comme ses voisines constantes
Ma rébellion est une merde sans sens
Sur mes doigts mes rêves et mes potes je compte
Me centre sur mes darons ma reuss j’escompte
Leur rendre un peu de leur acompte
30 berges le temps me dompte, je m'estompe
[Refrain]
Plus ça va, plus l’temps file à l’anglaise
Et moins y a d’rab, plus j’en réclame davantage, yo
Plus j’en fais, plus tu t’braques, plus j’en parle plus tu t’vexes, plus ça va plus on néglige le texte dans l’rap
Plus j’gamberge, moins mes névroses dorment en laisse
Et plus j’capte qu’elles ne se domptent pas en prenant l’large
Mais plus ça m’gave, plus j’m’allège de tout c’manège
car j’apprends à faire l’ménage en prenant d’l’âge