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Sous le K​-​way (2020)

by Collectif La Manita

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1.
[Kemar] ici c'est pas l’Amérique, mais je vois qu'on progresse quand je lis les titres dans la presse des crimes politiques qu'on explique par de la maladresse paix à Clément Méric et à Rémi Fraisse pourtant peu d'affinités sur le papier mais peu sont ceux qui vont nager là où ils ont pas pied je respecte l'engagement mais je suis pas naïf comme un ruminant, je regarde passer les manifs j'aime voir la ligne de front se positionner sentir le frisson te parcourir avant le combat mais trop souvent le rapport de force est disproportionné rien à faire à part courir, les débats sont trop passionnés chacun est venu chercher ses hauts faits d'arme certains se feront adouber par un coup de tonfa je suis pas le dernier à cracher sur l’État-gendarme mais j'm'en bats d'être approuvé par le milieu antifa [Linco] J’aime pas les milieux parce qu’ils ont tendance à se croire au centre Quand les coutumes et les costumes Convergent dans le même sens Quand les idées communes Cachent un vécu similaire Ajoute un peu de thune ou d’amertume Et voici l’essence de ce qui motive l’homme de groupe Toute une troupe qui gueule comme des chiens Le tabou qui s’opère n’a pas à rougir de la mise à l’index du Saint Père Mugir pour mépriser c’est comme crier pour murmurer Pour esquive le vide, l’abime, le rien Des torchons de friperie, Pimky ou Fred Perrry C’est la même tendance pourrie à vouloir reconnaître son voisin à la couleur de ses guefrin Quand un groupe tout ou partie Incarne une idéologie tout une patrie C’est la fin de la discussion L’histoire connaît déjà ce genre d’options Quand les bastos ont des opinions [Beufa] J’aurais ptetr pas dû venir dans ce squat, mais j’aime pas les boîtes N’empêche pour kiffer j’ai pas l’humeur adéquate J’rumine ma semaine au taf, mes envies d’évasions Projets évasifs, bref, grosse remise en question   Quand j’me noie pas dans l’océan de mes contradictions J’navigue à vue dans le néant de mes multiples addictions Et à dire vrai, c’soir j’suis pas trop divan, Divague sous prods dans l’vague ça s’capte grave à ma diction Des crânes convexes jugent la couleur de mes Converses Une nouvelle convertie déballe ses nouveaux principes Et arborant son énième nouvelle veste Erige la chourave au rang d’concept anti-consumériste   Le racisme de classe se drape de la pureté verbale L’ami fais gaffe à pas t’faire tej si tu cales un « fils de pute », car les mots sont mystifiés Et d’aucuns peinent à distinguer le signifiant du signifié   Et pendant qu’on soupçonne nos portables en rêvant d’Grand soir, qu’on joue à s’faire peur les RG s’marrent Mecs et meufs parlent d’émeute comme d’un exutoire C’qui m’donne définitivement une bonne raison d’boire   J’entends bien qu’on s’sent bien parmi les siens, mais qu’on s’entende, j’suis pas consentant aux projets consanguins D’étudiants blancs en sciences humaines qui s’retrouvent en squat le week-end Dans la soupe, y a mon reflet, je crache quand même [Refrain] Aux chiottes, ça déblatère dur Pendant qu’je sep, j’bloque, les tags sur les murs Me remémorent les commentaires que j’ai lu hier À propos d’cette expo sur les soulèvements populaires   Quand sur les pellicules crame l’esthétique de l’Intifada L’grand frisson bourgeois, ne m’demande pas pourquoi Sous les pavés, la plage, la rage, quoi encore ? Saoûlé par les adages, et sous l’keffieh la blague [L’ancien] Chaque ressemblance est fortuite Ce qu’il en ressort à sa guise Comme toute métaphore peut ne pas être comprise Que ce soit clair Je protège mes arrières Je suis moi aussi soumis à certains critères qui ne sont pas des fins en soi Donc reste calme comme un mois d’hiver Je suis comme le froid, je viens à bout des tiens Ton keffieh est rouge, très bien Celui de Christophe Barbier aussi Sur les pavés de Paris, J’ai fait l’autopsie du style à ma sortie du psy Ça manque de tact, pour être plus qu’un divertissement Laisse la place à Fabe il fit si bien l’impertinent MICRO TEST UN DEUX La vie c’est pas une fable, à d’autres Je sais ce soir où trouver de la dope Dans les milieux où je n’existe Que si je fanfaronne sur mes moindres prises de risque
2.
[Kemar] encore une journée de merde, je me suis trop saoulé hier je sors faire un tour pour me défouler, prendre la route pour me changer d'air mais à force de rouler la bière commence à refouler quand je vois débouler les poulets, c'est clair, ils vont me faire souffler l'amende va douiller et je me vois déjà bafouiller mais s'ils veulent me fouiller de près, j'aurai mouillé ma couche exprès ma vue se brouille et j'accélère, fonce dans le tas tout finira dans un éclair et sans constat ma dépouille et celle de la flicaille zigouillée sous un amas de ferraille rouillée ma dépouille et celle de la flicaille zigouillée sous un amas de ferraille rouillée [Sue] six potes et aucun n'est sobre ça fait cinq devant et un dans l'coffre la place la plus noble m'est réservée car c'est moi qui pour conduire, me suis désignée sur mon état d'ébriété on me questionne on me cuisine on se méfie comme des flics face à Al Capone mais non t'inquiète, j'la connais par cœur n'ayez pas peur, j'suis un putain d'driver la route est sinueuse et la forêt profonde, la conduite dangereuse, et maint’nant la pluie tombe on aurait pas du tomber cette dernière bouteille ma vision est trouble et j'ai chaud aux oreilles mais les gestes de base sont toujours bien ancrés frein, embrayage et contrôles sur les cotés ce retour au final ne se passe pas trop mal et derrière l'ambiance est digne d'une grande finale ça ouvre encore des bières, ça chante et ça beugle mais soudain une lumière éblouissante m'aveugle on fait un choc frontal, à six contre un platane des mecs avec des ailes nous racontent des trucs chelous à propos d'un tunnel par là bas j'sais pas où ça commence à m'saouler j'suis pas dans vos délires j'aimerais bien rentrer, je crois qu'j'voudrais dormir rendez moi ma bagnole et ma bouteille de gnôle ! laisse tomber meuf! me disent mes copains, on est tous dead, et ça sert plus à rien arrête de crier, s'il te plait ferme là on est ptêtre décédés mais on a la gueule de bois alors une route s’éclaira devant nous, on a suivi dans l’doute, la lumière au bout, l'air un peu déconfits et un gros mal de crâne cherchant le sens de la vie, et un doliprane en sortant ce soir, j’trouvais la lumière bizarre quelque chose dans l’air me disait c’est la dernière à présent et ma bande et moi hanteront les routes de l’Isère aux Landes, de septembre au mois d’août [Beufa] J’ouvre les paupières, m’remémore, j’ai perdu mes potes hier Mon corps mort près d’la caisse se dresse, ouvre la portière La poignée colle, ça pue le phoque, la Kro et la clope, accroc à la coke Comme un faf à sa chaumière Sur le tableau d’bord, traîne un skeud entre deux grosses bières, La dope déjà étalée de façon grossière Rien à faire, j’ai choisi le camp des schlags, aspire dans la paille Comme on tire un gros gun de son holster Comme bien des larves, je t’avoue du bout des lèvres, attendre que l’on délivre, nos corps que l’on délabre et qui dérivent dès l’aube à la lueur des candélabres, irrécupérable, j’ai choisi le camp des schlags Comme bien des larves, je t’avoue du bout des lèvres, attendre que l’on délivre, nos corps que l’on délabre et qui dérivent dès l’aube à la lueur des candélabres, irrécupérable, j’ai choisi le camp des schlags
3.
[Beufa] A l’heure où le Xanax s’infiltre dans la sève de mes congénères, Dont les premières rides suggèrent qu’il est déjà l’heure d’être rongé d’remords J’pète la forme, seconde jeunesse, comme une horloge montée sur ressort La dépression m’ignore, sportifs, pop-stars, les morveux ont des morveux pour idole moi, j’ai désormais l’âge des députés, hommes d’affaire, producteurs, et autres gangsters de haut-vol Là où le bat blesse, c’est que j’écris ces lignes dans un deux pièces, pas plus, Mais mon existence est trop remplie ma puce, à l’inverse de mes poches Tout l’contraire de ceux qui s’font dépigmenter l’anus J’squatte avec les minots sous l’abribus, flirte avec les ieuvs dans leur loft, aucun hiatus 30 berges, équilibre parfait, j’respire à pleins poumons avant qu’il ne reste que des effluves de goudron L’air est appelé à se vicier, mais j’suis prêt à sortir d’la pièce en derche qui à y enfermer l’huissier, et si j’vis vieux, qui sait ? faites que ma dernière heure n’ait pas la noirceur de l’intérieur d’un canon scié… faites que ma dernière heure n’ait pas la noirceur d’un canon scié trentenaire.. à c’t’âge ma mère sortait à peine de la galère avec la détermination farouche d’un mercenaire Autres temps, autres sphères, autres contraintes Nos incompréhensions en portent l’empreinte Fallait être déter pour essayer d’lui faire accepter ma complaisance pour ce statut précaire J’parle au passé non pas que j’en sois venu à bout, mais à force d’embrouilles le sujet est devenu tabou Bien sûr, comme les saisons, les envies passent, mais l’CDI reste pour moi un repoussoir qui manque de classe Maman, tu m’traites rarement de petit-bourgeois mais quand c’est l’cas, venant de toi, c’est presque courtois Faire le choix de ne taffer qu’une année sur deux et flirter avec des découverts gérés à vue de nez Sont des luxes que toi, t’aurais pas pu t’permettre de prendre En cas d’coup dur, moi, je saurais chez qui me rendre En cas d’coup dur, moi, je saurais chez qui me rendre.. et merci pour ça.. [Linco] À l’heure où certains pètent le feu j’ai moins peur de mourir vieux Certains jouent à être heureux ? Moi je progresse comme un dieu Je tourne une page Entre deux nages Deux cages Deux rages Je croque la vie comme un anthropophage La trentaine agissante comme une crème apaisante Je trempe mes remords retors Pas monté sur ressort comme Beufa et consorts J’ai moins peur que mes pores vieillissent Jadis je pleurais mes rêves qu’les années salissent Aujourd’hui je m’immisce dans mon Itinéraire bis Lubrifié comme un préservatif J’me faufile et glisse Dans l’interstice interdit de l’entre-deux vices Je reste évasif pragmatique créatif Et lisse des problèmes classés sans suite Directions fortuites Entre Morrison et le Christ Entre ces tendances nocives j’oscille Sans le regret du novice J’éclipse une première jeunesse qui taille sa piste Si la jeunesse n’est qu’un mot Je vis entre les lignes de son récit Un peu de nostalgie sous forme de grumeaux Toujours le sentiment d’être une goutte d’eau Mais un peu consciente Humide comme ses voisines constantes Ma rébellion est une merde sans sens Sur mes doigts mes rêves et mes potes je compte Me centre sur mes darons ma reuss j’escompte Leur rendre un peu de leur acompte 30 berges le temps me dompte, je m'estompe [Refrain] Plus ça va, plus l’temps file à l’anglaise Et moins y a d’rab, plus j’en réclame davantage, yo Plus j’en fais, plus tu t’braques, plus j’en parle plus tu t’vexes, plus ça va plus on néglige le texte dans l’rap Plus j’gamberge, moins mes névroses dorment en laisse Et plus j’capte qu’elles ne se domptent pas en prenant l’large Mais plus ça m’gave, plus j’m’allège de tout c’manège car j’apprends à faire l’ménage en prenant d’l’âge
4.
Je ne suis pas pudique mais la persistance de tes regards lubriques me laisse sans voix comment peut on être si ignorant et si con à la fois, et par quel mystère est-ce que tu te signifies, que j'apprécie tes remarques obscènes et tes allures avachies C'est à croire qu'au fond du cratère qui te sert de cerveau tu pense que charmée par tes manières je vais prendre ton numéro, te suivre à l'hôtel et te faire faire du rodéo Redescends sur terre, c'est aussi improbable qu'un commissaire avec des idées libertaires et pour la drague apprends le leçon première, évite tout c’qui est insultes et humiliations Je n’ai pas à subir tes abus de bière ni ton manque de sexe ni tes valeurs de vieux con J'ai des choses à faire et ne souhaite en aucune manière m'engueuler avec toi ou avec tes confrères Il va falloir que tout seul tu comprennes que les règles ont changé, tu n'as plus le loisir de me considérer comme un joli paillasson sur lequel tu essuies tes pieds. Face à ce discours ton seul recours c'est me dire timide ou frustrée mais c'est le contraire j'aime simplement la qualité. Comment faire, pour décrasser ta tête de ces idées rouillées, ces considérations qui semblent avoir croupi dans un grenier, j’n'en sais rien et n'en ai rien à faire, laisse-moi continuer ma journée sans te délecter de mon regard aux aguets et de mon expression gênée, sans m'éclabousser de ta tristesse vulgaire, et si tes combats ce sont mes choix vestimentaires, tu finiras j’espère avant moi par te lasser, Je n’ai pas à rel’ver la tête je n'ai pas à rester fière, Je n'ai pas à marcher droit et à flipper pour mes arrières
5.
[Intro] Seule, elle erre dans les ruelles l’âme en peine, en arrêt depuis qu’elle a traîné chez l’toubib son air lamentable, n’importe quelle position lui semble inconfortable, pour cesser d’cogiter elle augmente ses doses de Tranxen (x2) [Beufa] Encore une nuit loin d’lui, traversée comme une clandestine, Hantée par une mesquinerie qui s’est trompée de cible Prisonnière d’insomnies intempestives Comme pour le meurtre d’un keuf, sa peine est incompressible Il est midi et elle n’a pour son reup que des invectives Les mêmes qu’il lui beuglait quand il était blindé d’tise Le fil s’est trop tendu, maintenant qu’il est rompu Malgré ses excuses qu’il aille s’faire mettre, elle reste inflexible Voilà deux ans qu’il louait un des appartements lui appartenant à un prix indécent à des sans-papiers En cas d’retard de paiement, il s’faisait menaçant, genre « j’ai un pote adjudant et y a qu’un coup d’fil à passer » Evidemment, pour pouvoir assumer les charges, c’est pas deux mais dix locataires qui vivaient dans c’deux-pièces entassés Faisant d’la maille au black, des camions qu’on décharge au petit matin avec l’opiniâtreté de fantassins C’est au taf qu’elle fit sa connaissance, où il faisait l’ménage malgré des diplômes de barge dans son pays d’naissance Elle, stagiaire, leur relation étroite s’noua car ils s’faisaient exploiter par la même boîte Y a qu’chez elle, qu’ils pouvaient trouver d’l’intimité, et chez lui sa désengorgeait un peu l’espace limité Jusqu’à c’qu’un jour il l’invite à fêter l’titre de séjour d’un d’ses colocs, elle resta sous le choc C’t’appart aujourd’hui destiné à une arnaque, était celui qu’elle occupait à l’époque de la fac Du coup d’fil pour intercéder en faveur de son pélo, son reup, n’retient que qu’sa famille s’tape un négro Négro, aujourd’hui soumis à une O.Q.T.F., elle en vient presque à s’dire qu’elle aurait dû s’occuper d’ses fesses Depuis deux semaines elle ne vit plus que dans l’appréhension, qu’un vol charter décolle du centre de rétention [Refrain] Cherche même pas à comprendre, quand tes convictions s’ébranlent et que le présent s’apparente à s’y méprendre à l’hémorragie qu’il est futile de vouloir contenir, au calibre impossible à retenir Cherche même pas à comprendre, quand l’passé, est si sensible que l’frôler c’est comme presser la détente Qu’un simple regard provoque l’esclandre, et qu’il ne reste de l’innocence que des cendres au mois d’décembre [L’ancien] Elle en a 25 quand elle arrive ici 7 ans et demi après un mariage réussi La santé de ses frères prioritaire a priori Tout va bien d’après ce qu’elle dit Snaptchat Tweeter et selfies Elle n’a plus d’appui qui est-ce qui en profite De ce personnel à bas prix Adjacent, A qui on veut bien offrir le gite Une sorte d’arrangement Dans le style du foyer Où la rumeur dit que pour y rester L’éduc’ est facile à soudoyer Juste aux corps, et femmes frêles feront l’affaire Grand ça demande pas d’talent exceptionnel Un peu de cran c’est tout N’est-ce pas là l’instinct qu’où vous loue Et le diable raconte ses fables, Endort les faibles, marche avec leurs femmes Fait de l’effet, c’est vrai Les gens ont l’air heureux autour d’elle S’achètent tout, achètent même en ribambelle Consomment putes, drogues en grosse somme Elle suit les conseils pour attirer la clientèle Habituelle ou non Demain ne peut être qu’à l’horizon Serrant ses filles à deux mains Comme rassurée d’assurer leur protection Elle se raccroche en des choses comme ça Comme autour du coup une main de Fatma Fière malgré tout, toute la joie que lui apporte son foyer Au milieu de cette merde elle continue de se planquer En situation irrégulière, sa maîtrise dans le français C’est ce putain de refrain qu’elle ne cesse de chanter : Met de la poudre ferme le couvercle Remue la boîte Les droits de l’homme c’est juste a droite Met de la poudre ferme le couvercle Remue la boîte Les droits de l’homme c’est juste a droite [Refrain] [outro]
6.
Le tintement des clochettes le brillant des paillettes Le spectacle en couleur, L'aventure qui s'achète Injustices de classe grimées en promotion La lisse surface du centre ville en carton Le jour J, le plan B, la ligne C Monsieur X, la voie E, la face B De plus en plus étranger m'est cet alphabet De plus en plus tenace le désir d'y échapper Le sable est mouvant, la soupe dégueulasse Le mouvement des gens, qui passent et repassent Dans ces halls vides que les écrans envahissent Errent des individus que les liasses délaissent Vraie fatigue cherche faux travail Vrai enclôt cherche faux bétail Les vacances à la mer, un gendre idéal Dans la chambre de l'enfant, un poster de cheval Les paillettes les lingots, les strass et le stress Même plus la peine de les trainer à la messe Jour et nuit la production s'écoule Sur la chaine la colonne vertébrale s'écroule Fatigués, appauvris, amiantés Corrompus, bien nourris, bien domptés, On donne des cours à des gens pour écrire des CV Moi gamine je rêvais de construire des fusées Animaux domptés, gestes et sourires figés Des rayons entiers de trucs colorés bien rangés, une indigestion de papier glacé Billets deuxième classe sommés de rester à leur place Sous tes yeux dans tes mains le plastique s’entasse De partout tout l’temps Des compteurs des écrans Le temps le vent se vend et s’achète Même la surveillance est obsolète Des néons jaunes et roses aux lumières clignotantes Éclairent doucement les héros les clochards les passantes Le fou rode, le jeune fraude, l’argent change de main De grands blocs de béton au milieu du jardin.
7.
[Beufa] Salut Bernard, sers-moi une limonade bien fraîche Une fois n’est pas coutume mais j’ai pas l’intention d’être arsouille J’ai rencard avec la pimbêche du 9ème Et l’Ancien ouais, t’as des infos ? paraît qu’il est casse-couille Tu t’doutes bien qu’on s’voit pas pour sucer des glaçons Pour qu’ces branques s’déplacent y a d’la fraîche au bout d’l’hameçon Mais t’es bien curieux vieille canaille, patience, T’apprendras bientôt l’arnaque en ouvrant n’importe quel canard Les voilà qui rappliquent tant mieux j’aime pas poireauter et encore moins les poucaves, sans parler d’loyauté v’là l’pourliche, t’as intérêt à la mettre en veilleuse tu sais à qui tu dois que sur tes combines les lardus ferment les yeuzes La greluche qu’on appelle la reine de l’arsenic n’a rien trouvé d’mieux qu’se maquiller comme une scène de crime Et c’est ça qu’on appelle l’Ancien ? Mains moites et tête de schmidt Paye ton équipe, aussi scred qu’une sirène de flic Les présentations faites, on s’installe dans l’arrière-salle J’leur explique et même l’Ancien me cale « c’est vrai qu’ça a l’air simple » un fourgon, 400 briques, « Bravo Monsieur Hakim », me lâche la blonde platine un peu comme à un bleu qu’on baratine J’observe cette légende du milieu qui parle tout l’temps d’raccrocher Vue sa méfiance je suis refait d’avoir pu l’approcher Quant à la poupée, elle commence à m’plaire ça devrait l’faire, d’toute façon il est trop tard pour faire machine arrière [L’ancien] Toujours les yeux sur les mains de ces deux loubars Au cas où l’un d’eux essaierait de me doubler La boutique est réputée, un de ces lieux où il n’y pas d’hasard Le type qui tient le bar est de quel coté ? Qu’..qu’est-ce qu’on vous sert ? Accélère j’suis pas là pour ça, Comme un actionnaire parle-moi en pourcent Bah alors ça fait plaisir je vois que t’as sorti la mine des beaux jours Le cave qui tient le crachoir je m’en méfie, Il jacte dans un faux argot Tout le monde sait qu’il a passé à tabac un flic Tu parles d’un cerveau La pépète, elle, a l’air de gober Je la connais, elle est connue des RG Et des services sociaux suspecte d’être bolcho C’est pas ces gus que je déteste le plus Loin de là, mais de là à être dans le consensus Quatre cents briques Faut que j’y réfléchisse Je repère ses tournures, L’art de la manière quant il s’agit de convaincre Et je repense à ma femme enceinte Aller l’ancien tapes-en cinq Ok on fait le coche et après je raccroche D’ici-là aucun contact On se retrouve la veille de la date, avec tout le bazar Et le plan en tête, ok ? Y a pas d’intérêt que ça foire Pas intérêt à ce que l’un de vous deux me laisse choir Je m’énerve pas j’informe, Si je vois un bleu je me casse, me carapate à Caracas Avec toutes la caillasse soit autant qu’il n’en faut que sur une brigade en uniforme [Sue] J’arrive pile à l’heure, le bar est dégueulasse, ça sent la bière les chips et les petites arnaques Des histoires de pègre bas d’gamme, ça m’dépasse, repère de pauv’types et de petites frappes Le genre d’endroit où on fomente des coups sans ambition, du genre braquer un Tati une Foir’fouille ou un Champion, enfin bon, j’repère mon rencard, au comptoir au fond deux grands méchants, avec l’air un peu con. Merci, pour moi ce s’ra un whisky sans glaçons. Le cerveau, nerveux, jette des regards anxieux aux alentours, nous présente son plan dans les moindres détails, parle fort et avec les mains comme si on était sourds, houlà, je baille L’autre se tait, concentré, méfiant et ma foi, ressemble moins à un méchant qu’à un plombier « et c’est comme ça qu’ça va s’passer » C’est bien pensé j’avoue, bien tordu, je hoche la tête d’un air entendu mais au fond, les coups d’feu m’effraient, et je n’aime plus l’action Je décide de finir seule ce plan à trois, rapatrier discrètement le grisbi dans mon coffre-fort à moi. Facile, il me suffit de brouiller quelques pistes, de jouer la débutante effrayée, admiratrice. Braquage ratage, dommage, prison ferme, comme dit l’adage, cherchez la femme Sur les berges au sortir de ce bar elle se cache sous une poignée d’main ferme
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Hein, J’ai l’équipe le shit je veux le liquide et les chèques tchek La Manita J’ai l’équipe le shit je veux le liquide et les chèques Hein hein Fin de mois à l’arrache, Tu captes aps tu prends un coup de shlass Dicave, je sais qui pousse à bicrave ici, Le mec se planque a Washington D.C. J’aurai ou lui ou un de ses employés de banque Hein C’est ton guêpier Franck Personne t’as forcé à signer ici Bezef, T’es qu’une merde et aux petites merdes je leur réserve Comme pour régler mes comptes Un grand coup de fusil à pompe putain c’est beau de vivre comme un mafieux et voir cette meuf de l’accueil me faire les doux yeux s’il faut répandre la terreur en vrai C’est partout dans ce milieu pas chez les Albanais et si encore il suffisait de buter le bosse pour guérir ce serait même pas la peine Y’aurait trop corps, trop d’porcs à prévenir qu’on est nombreux à vouloir des morts L’ancien te foutra très vite les morts je l’espère, et là tu reconnaîtras tes torts mais dans les cieux et non sur terre de ne pas l’avoir fait plus tôt, Illico file prévenir tes sociétaires Qu’ils réservent des paradis fiscaux pour moi et mes frères pour les millionnaires une grosse part d’impôts le monde de la finance est dur, je m’entoure d’experts qu’ils le veulent ou qu’ils flippent pour leurs mères hein, l’ancien la Manita, comme ça boum, qu’est ce qu’il dit maintenant hein ?
9.
J’ai des listes de noms et des emplois du temps, tes palais bien cachés ne résist’rons pas longtemps De la cuisine au coffre, tout sera visité, on te réveillera pas, on est très discrets Seul indice au matin des traces de boue sur ton parquet si ça te cause du chagrin, J’n’en suis pas désolée, ferme ton clapet, tu n’es pas mon copain Tous les trucs que tu as, m’intéressent au taquet, j’aime les miroirs dorés, les couloirs serrés, Les bureaux en noyer et les jolis parquets, j’préfère le faisan au poulet J’adore tes canapés, pour y faire du rodéo, invités clandos, le soir dans ton château Et on va bouffer tous tes homards ça va t’laisser un goût amer On boira d’la 8.6 dans tes verres en cristal, désinfecte bien ta vaisselle, c’qu’on a c’est viral Attention Jean-Edouard, Attention Anne-Sophie, restez bien couchés dans le noir si vous entendez du bruit, On jette un bref regard on retiendra de mémoire, les codes des comptes en Suisse et des placements aux Canaries T’avais qu’à m’inviter à ta garden party, au lieu de ça, quoi ? tu m’abreuves de mépris, Ne me jette pas un regard en montant dans ton taxi, ça m’a beaucoup vexée, ça m’a beaucoup aigrie, et en compensation je me permet d’entrer dans tes châteaux la nuit Juste pour tromper l’ennui, combler mes consommations et puis m’refaire deux trois polos Lacoste, pas d’tes cols-blancs atroces Je f’rai des nœuds d’cravate dans le dos A tes costumes gris orduriers Qui sentent la monnaie à plein nez Qui une fois l’école terminée, ne me laisseront pas le choix ni du salaire ni du loyer Je connais l’art et la manière mon style de vie est un mystère A cheval ou à vélo, je te tire des flèches dans le dos Dans les parkings et caniveaux, je choisis le bas du panier L’empire tente des percées dans mon cerveau dans ma pensée A coups d’perceuses et d’chalumeaux ma tête est un fourgon blindé J’expose les symboles de ma condition comme des trophées sur la ch’minée Ne lève pas le sourcil si mon coude est sur la table Je chercherai pas un boulot stable ni un bonne situation J’me content’rai d’avoir les crocs Ou bien d’entrer dans ton château, la nuit sans invitation. [L’ancien] Sue se montre créative à grands coups de barre de fer Malgré toutes tes manières préventives sache Plus la verrière est grande plus tu nous facilites le taf Entre espèces similaires, que ce soit claire entre nous J’ai pas l’intention de me satisfaire des restes J’rentre, j’ouvre tout, je me sers Remplis le coffre de l’Express Sur plusieurs courses si nécessaire, si nécessaire Avec le temps et le maquis, on obtient ces acquis Tu es devenu bien vite propriétaire Et si encore nos actes, Pouvaient te faire goûter a ce que tu appelles l’échec erreur, au réveil contacte ton cousin le plus proche un gros bâtard d’assureur mes environs ne me laissent qu’un choix, qu’un choix Tout droit sorti du canton Genevois Les Suisses sont venu à moi J’ai pris ma part de chocolat Et 310 litres d’essence dans tes 6 voitures sans grande différence toutes tes planques sont vides aussi si t’espérais avoir de la chance ce qui m’intéresse c’est l’espèce pas les robes de chambre ou tout ce qui s’échange contre des gros billets d’banque tout ce qui s’échange contre des gros billets d’banque et si ça nous chante ton château on l’occupe on a tout un tas de potes qui se préoccupent pour une bicoque Dès que mars montre son cul Nous, nous sommes de ceux qui Une fois les poches remplies Font qué-cro les potos avec des tonnes de cadeaux aux petits On fait pas ça que pour notre plaisir non plus On a appris bien d’autres choses aussi autant de valeurs méconnues des grands pontes jusqu’au petit Paris woha t’as vu ca on s’est fait plaiz’ hein ? grave aller il reste deux heures avant le jour on se fait l’autre non ?
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[Beufa] J’aurais jamais dû atterrir dans c’bar Pourtant mes srabs me disaient « on s’tire » Toujours pareil quand je suis fonskar Je crois que les autres à la table conspirent C’est constamment dans des coins peraves qu’on s’perd Entre hipsters et schlags qui s’la jouent gangsters A la table s’installent même des vestes Lonsdale Cocktail explosif pour foutre le bordel J’emmerde les costards, les pauvres qui se prosternent, qui bavent devant les gros bourges qui prospèrent Les rockstars, les profs ternes, les videurs qui tapent la pause postés devant des portes austères J’cause trop trop fort, faut savoir quand s’taire Trop tard, tout le monde dans le bar m’observe J’ai commandé et bu au comptoir trop d’bière Faut payer, pas d’oseille, la salle en colère Je me fais tej il est 6 heures du zbar (6 heures du zbar !) Seul face à ce mystère Toujours couche-tard vouloir tout boire trou noir foutoir mordre la poussière A c’t’heure sur le pavé me dévisagent des passants hostiles, mais comment osent-ils ? Ma canette s’écrase sur la vitre au moment où s’éteignent les lumières de la ville [Kemar] je comate au fond de la salle d’attente et colmate les débris de mon corps en morceaux fébrile, je plane comme en parapente à la merci des contorsions de mon cerveau ouvrant une faille dans l’espace-temps je vois une pluie de comètes fuser par le hublot je me sens comme un cobaye dans ce guet-apens mais la nuit faut être rusé, à l’affût de gnôle je pars dans un délire ésotérique narre des péripéties homériques sur mon navire conquérant les 7 mers de Ricard on chavire car je suis tombé dedans comme Obélix naviguer en eaux troubles vers des contrées sauvages quand on voit double c’est risquer le naufrage les matelots sont ronds, tout le monde sur le pont faut mettre à l’eau le canot de sauvetage la situation est critique, mille sabords évacuation, pas de panique, les enfants et les milf d’abord à notre âge, on quitte la zone de turbulence accostage en urgence semi-inconscient, je meurs à petit feu alors qu’y a un instant j'étais un demi-dieu le futal plein de sang, chaque bruit m’éclate les tympans dans ce silence religieux les patients sont priés d’attendre sans crier allongé sur ma civière, les yeux vitreux je reluque le calendrier des infirmières comme un vieux vicieux j’ai des relents de cendrier et de bière normal vu ce qu’on s’est encore enquillé hier l’ennui fédère, la nuit rend fort je me rendors pour oublier nos vies précaires [ensemble] Encore un soir où j’aurais dû rester chez moi Quand je commence à boire, c’est toujours le même schéma Au verre de trop l’ambiance devient malsaine Un regard de travers, et la rue s’transforme en arène Un verre, ça va, deux verres, ça va mieux Mais à ce rythme-là, on vivra pas vieux (x3) C’est la Manita, Kemar et Beufa Pour une petite cuite à deux !

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credits

released July 6, 2020

Prod : Riza Penjoel (1, 11) / Kalux (2, 3, 4, 9) / Oxydz ( 5) / Beufa (7) / Life And Death Productions (10) / Faces B (6, 8)

Samples : Pierre Granier-Deferre, La métamorphose des cloportes, 1965 (7) / Bertrand Blier, Buffet froid, 1979 (10)

Scratch : DJ Crome

Mixage : José Narvaez

Photo : Raphaël Dautel / Graphisme : ByFV

"Sous le K-way", réalisé en autoproduction, Collectif La Manita, 2020

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La Manita Auvergne-Rhône-Alpes, France

"Après des nuits d’ivresse à cracher Anfalsh aux oreilles des potes..."

La Manita, c'est un collectif à géométrie variable réunissant des rappeurs et rappeuses originaires de Rhône-Alpes

Mais non, panique pas, ici c’est juste La Manita !
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