1. |
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[Kemar]
ici c'est pas l’Amérique, mais je vois qu'on progresse
quand je lis les titres dans la presse
des crimes politiques qu'on explique par de la maladresse
paix à Clément Méric et à Rémi Fraisse
pourtant peu d'affinités sur le papier
mais peu sont ceux qui vont nager là où ils ont pas pied
je respecte l'engagement mais je suis pas naïf
comme un ruminant, je regarde passer les manifs
j'aime voir la ligne de front se positionner
sentir le frisson te parcourir avant le combat
mais trop souvent le rapport de force est disproportionné
rien à faire à part courir, les débats sont trop passionnés
chacun est venu chercher ses hauts faits d'arme
certains se feront adouber par un coup de tonfa
je suis pas le dernier à cracher sur l’État-gendarme
mais j'm'en bats d'être approuvé par le milieu antifa
[Linco]
J’aime pas les milieux parce qu’ils ont tendance à se croire au centre
Quand les coutumes et les costumes
Convergent dans le même sens
Quand les idées communes
Cachent un vécu similaire
Ajoute un peu de thune ou d’amertume
Et voici l’essence de ce qui motive l’homme de groupe
Toute une troupe qui gueule comme des chiens
Le tabou qui s’opère n’a pas à rougir de la mise à l’index du Saint Père
Mugir pour mépriser c’est comme crier pour murmurer
Pour esquive le vide, l’abime, le rien
Des torchons de friperie, Pimky ou Fred Perrry
C’est la même tendance pourrie à vouloir reconnaître son voisin à la couleur de ses guefrin
Quand un groupe tout ou partie
Incarne une idéologie tout une patrie
C’est la fin de la discussion
L’histoire connaît déjà ce genre d’options
Quand les bastos ont des opinions
[Beufa]
J’aurais ptetr pas dû venir dans ce squat, mais j’aime pas les boîtes
N’empêche pour kiffer j’ai pas l’humeur adéquate
J’rumine ma semaine au taf, mes envies d’évasions
Projets évasifs, bref, grosse remise en question
Quand j’me noie pas dans l’océan de mes contradictions
J’navigue à vue dans le néant de mes multiples addictions
Et à dire vrai, c’soir j’suis pas trop divan,
Divague sous prods dans l’vague ça s’capte grave à ma diction
Des crânes convexes jugent la couleur de mes Converses
Une nouvelle convertie déballe ses nouveaux principes
Et arborant son énième nouvelle veste
Erige la chourave au rang d’concept anti-consumériste
Le racisme de classe se drape de la pureté verbale
L’ami fais gaffe à pas t’faire tej si tu cales
un « fils de pute », car les mots sont mystifiés
Et d’aucuns peinent à distinguer le signifiant du signifié
Et pendant qu’on soupçonne nos portables en rêvant d’Grand soir, qu’on joue à s’faire peur les RG s’marrent
Mecs et meufs parlent d’émeute comme d’un exutoire
C’qui m’donne définitivement une bonne raison d’boire
J’entends bien qu’on s’sent bien parmi les siens, mais qu’on s’entende, j’suis pas consentant aux projets consanguins
D’étudiants blancs en sciences humaines qui s’retrouvent en squat le week-end
Dans la soupe, y a mon reflet, je crache quand même
[Refrain]
Aux chiottes, ça déblatère dur
Pendant qu’je sep, j’bloque, les tags sur les murs
Me remémorent les commentaires que j’ai lu hier
À propos d’cette expo sur les soulèvements populaires
Quand sur les pellicules crame l’esthétique de l’Intifada
L’grand frisson bourgeois, ne m’demande pas pourquoi
Sous les pavés, la plage, la rage, quoi encore ?
Saoûlé par les adages, et sous l’keffieh la blague
[L’ancien]
Chaque ressemblance est fortuite
Ce qu’il en ressort à sa guise
Comme toute métaphore peut ne pas être comprise
Que ce soit clair
Je protège mes arrières
Je suis moi aussi soumis à certains critères qui ne sont pas des fins en soi
Donc reste calme comme un mois d’hiver
Je suis comme le froid, je viens à bout des tiens
Ton keffieh est rouge, très bien
Celui de Christophe Barbier aussi
Sur les pavés de Paris,
J’ai fait l’autopsie du style à ma sortie du psy
Ça manque de tact, pour être plus qu’un divertissement
Laisse la place à Fabe il fit si bien l’impertinent
MICRO TEST UN DEUX
La vie c’est pas une fable, à d’autres
Je sais ce soir où trouver de la dope
Dans les milieux où je n’existe
Que si je fanfaronne sur mes moindres prises de risque
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2. |
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[Kemar]
encore une journée de merde, je me suis trop saoulé hier
je sors faire un tour pour me défouler, prendre la route pour me changer d'air
mais à force de rouler la bière commence à refouler
quand je vois débouler les poulets, c'est clair, ils vont me faire souffler
l'amende va douiller et je me vois déjà bafouiller
mais s'ils veulent me fouiller de près, j'aurai mouillé ma couche exprès
ma vue se brouille et j'accélère, fonce dans le tas
tout finira dans un éclair et sans constat
ma dépouille et celle de la flicaille zigouillée
sous un amas de ferraille rouillée
ma dépouille et celle de la flicaille zigouillée
sous un amas de ferraille rouillée
[Sue]
six potes et aucun n'est sobre
ça fait cinq devant et un dans l'coffre
la place la plus noble m'est réservée
car c'est moi qui pour conduire, me suis désignée
sur mon état d'ébriété on me questionne
on me cuisine on se méfie comme des flics face à Al Capone
mais non t'inquiète, j'la connais par cœur
n'ayez pas peur, j'suis un putain d'driver
la route est sinueuse et la forêt profonde,
la conduite dangereuse, et maint’nant la pluie tombe
on aurait pas du tomber cette dernière bouteille
ma vision est trouble et j'ai chaud aux oreilles
mais les gestes de base sont toujours bien ancrés
frein, embrayage et contrôles sur les cotés
ce retour au final ne se passe pas trop mal
et derrière l'ambiance est digne d'une grande finale
ça ouvre encore des bières, ça chante et ça beugle
mais soudain une lumière éblouissante m'aveugle
on fait un choc frontal, à six contre un platane
des mecs avec des ailes nous racontent des trucs chelous
à propos d'un tunnel par là bas j'sais pas où
ça commence à m'saouler j'suis pas dans vos délires
j'aimerais bien rentrer, je crois qu'j'voudrais dormir
rendez moi ma bagnole et ma bouteille de gnôle !
laisse tomber meuf! me disent mes copains,
on est tous dead, et ça sert plus à rien
arrête de crier, s'il te plait ferme là
on est ptêtre décédés mais on a la gueule de bois
alors une route s’éclaira devant nous,
on a suivi dans l’doute, la lumière au bout,
l'air un peu déconfits et un gros mal de crâne
cherchant le sens de la vie, et un doliprane
en sortant ce soir, j’trouvais la lumière bizarre
quelque chose dans l’air me disait c’est la dernière
à présent et ma bande et moi hanteront les routes
de l’Isère aux Landes, de septembre au mois d’août
[Beufa]
J’ouvre les paupières, m’remémore, j’ai perdu mes potes hier
Mon corps mort près d’la caisse se dresse, ouvre la portière
La poignée colle, ça pue le phoque, la Kro et la clope, accroc à la coke
Comme un faf à sa chaumière
Sur le tableau d’bord, traîne un skeud entre deux grosses bières,
La dope déjà étalée de façon grossière
Rien à faire, j’ai choisi le camp des schlags, aspire dans la paille
Comme on tire un gros gun de son holster
Comme bien des larves, je t’avoue du bout des lèvres, attendre que l’on délivre, nos corps que l’on délabre
et qui dérivent dès l’aube à la lueur des candélabres, irrécupérable, j’ai choisi le camp des schlags
Comme bien des larves, je t’avoue du bout des lèvres, attendre que l’on délivre, nos corps que l’on délabre
et qui dérivent dès l’aube à la lueur des candélabres, irrécupérable, j’ai choisi le camp des schlags
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3. |
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[Beufa]
A l’heure où le Xanax s’infiltre dans la sève de mes congénères,
Dont les premières rides suggèrent qu’il est déjà l’heure d’être rongé d’remords
J’pète la forme, seconde jeunesse, comme une horloge montée sur ressort
La dépression m’ignore, sportifs, pop-stars, les morveux ont des morveux pour idole
moi, j’ai désormais l’âge des députés, hommes d’affaire, producteurs, et autres gangsters de haut-vol
Là où le bat blesse, c’est que j’écris ces lignes dans un deux pièces, pas plus,
Mais mon existence est trop remplie ma puce, à l’inverse de mes poches
Tout l’contraire de ceux qui s’font dépigmenter l’anus
J’squatte avec les minots sous l’abribus, flirte avec les ieuvs dans leur loft, aucun hiatus
30 berges, équilibre parfait, j’respire à pleins poumons avant qu’il ne reste que des effluves de goudron
L’air est appelé à se vicier, mais j’suis prêt à sortir d’la pièce en derche qui à y enfermer l’huissier,
et si j’vis vieux, qui sait ? faites que ma dernière heure n’ait pas la noirceur de l’intérieur d’un canon scié…
faites que ma dernière heure n’ait pas la noirceur d’un canon scié
trentenaire..
à c’t’âge ma mère sortait à peine de la galère
avec la détermination farouche d’un mercenaire
Autres temps, autres sphères, autres contraintes
Nos incompréhensions en portent l’empreinte
Fallait être déter pour essayer d’lui faire accepter ma complaisance pour ce statut précaire
J’parle au passé non pas que j’en sois venu à bout, mais à force d’embrouilles le sujet est devenu tabou
Bien sûr, comme les saisons, les envies passent, mais l’CDI reste pour moi un repoussoir qui manque de classe
Maman, tu m’traites rarement de petit-bourgeois
mais quand c’est l’cas, venant de toi, c’est presque courtois
Faire le choix de ne taffer qu’une année sur deux
et flirter avec des découverts gérés à vue de nez
Sont des luxes que toi, t’aurais pas pu t’permettre de prendre
En cas d’coup dur, moi, je saurais chez qui me rendre
En cas d’coup dur, moi, je saurais chez qui me rendre.. et merci pour ça..
[Linco]
À l’heure où certains pètent le feu j’ai moins peur de mourir vieux
Certains jouent à être heureux ? Moi je progresse comme un dieu
Je tourne une page
Entre deux nages
Deux cages
Deux rages
Je croque la vie comme un anthropophage
La trentaine agissante comme une crème apaisante
Je trempe mes remords retors
Pas monté sur ressort comme Beufa et consorts
J’ai moins peur que mes pores vieillissent
Jadis je pleurais mes rêves qu’les années salissent
Aujourd’hui je m’immisce dans mon Itinéraire bis
Lubrifié comme un préservatif
J’me faufile et glisse
Dans l’interstice interdit de l’entre-deux vices
Je reste évasif pragmatique créatif
Et lisse des problèmes classés sans suite
Directions fortuites
Entre Morrison et le Christ
Entre ces tendances nocives j’oscille
Sans le regret du novice
J’éclipse une première jeunesse qui taille sa piste
Si la jeunesse n’est qu’un mot
Je vis entre les lignes de son récit
Un peu de nostalgie sous forme de grumeaux
Toujours le sentiment d’être une goutte d’eau
Mais un peu consciente
Humide comme ses voisines constantes
Ma rébellion est une merde sans sens
Sur mes doigts mes rêves et mes potes je compte
Me centre sur mes darons ma reuss j’escompte
Leur rendre un peu de leur acompte
30 berges le temps me dompte, je m'estompe
[Refrain]
Plus ça va, plus l’temps file à l’anglaise
Et moins y a d’rab, plus j’en réclame davantage, yo
Plus j’en fais, plus tu t’braques, plus j’en parle plus tu t’vexes, plus ça va plus on néglige le texte dans l’rap
Plus j’gamberge, moins mes névroses dorment en laisse
Et plus j’capte qu’elles ne se domptent pas en prenant l’large
Mais plus ça m’gave, plus j’m’allège de tout c’manège
car j’apprends à faire l’ménage en prenant d’l’âge
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4. |
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Je ne suis pas pudique mais la persistance de
tes regards lubriques me laisse sans voix
comment peut on être si ignorant et si con à la fois,
et par quel mystère est-ce que tu te signifies,
que j'apprécie tes remarques obscènes et tes allures avachies
C'est à croire qu'au fond du cratère qui te sert de cerveau
tu pense que charmée par tes manières
je vais prendre ton numéro, te suivre à l'hôtel et te faire faire du rodéo
Redescends sur terre, c'est aussi improbable qu'un commissaire avec des idées libertaires
et pour la drague apprends le leçon première,
évite tout c’qui est insultes et humiliations
Je n’ai pas à subir tes abus de bière ni ton manque de sexe ni tes valeurs de vieux con
J'ai des choses à faire et ne souhaite en aucune manière
m'engueuler avec toi ou avec tes confrères
Il va falloir que tout seul tu comprennes
que les règles ont changé, tu n'as plus le loisir de me considérer
comme un joli paillasson sur lequel tu essuies tes pieds.
Face à ce discours ton seul recours
c'est me dire timide ou frustrée
mais c'est le contraire j'aime simplement la qualité.
Comment faire, pour décrasser ta tête de ces idées rouillées,
ces considérations qui semblent avoir croupi dans un grenier,
j’n'en sais rien et n'en ai rien à faire, laisse-moi continuer ma journée
sans te délecter de mon regard aux aguets et de mon expression gênée,
sans m'éclabousser de ta tristesse vulgaire,
et si tes combats ce sont mes choix vestimentaires,
tu finiras j’espère avant moi par te lasser,
Je n’ai pas à rel’ver la tête je n'ai pas à rester fière,
Je n'ai pas à marcher droit et à flipper pour mes arrières
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5. |
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[Intro]
Seule, elle erre dans les ruelles l’âme en peine, en arrêt depuis qu’elle a traîné chez l’toubib son air lamentable,
n’importe quelle position lui semble inconfortable, pour cesser d’cogiter elle augmente ses doses de Tranxen (x2)
[Beufa]
Encore une nuit loin d’lui, traversée comme une clandestine,
Hantée par une mesquinerie qui s’est trompée de cible
Prisonnière d’insomnies intempestives
Comme pour le meurtre d’un keuf, sa peine est incompressible
Il est midi et elle n’a pour son reup que des invectives
Les mêmes qu’il lui beuglait quand il était blindé d’tise
Le fil s’est trop tendu, maintenant qu’il est rompu
Malgré ses excuses qu’il aille s’faire mettre, elle reste inflexible
Voilà deux ans qu’il louait un des appartements lui appartenant à un prix indécent à des sans-papiers
En cas d’retard de paiement, il s’faisait menaçant, genre « j’ai un pote adjudant et y a qu’un coup d’fil à passer »
Evidemment, pour pouvoir assumer les charges, c’est pas deux mais dix locataires qui vivaient dans c’deux-pièces entassés
Faisant d’la maille au black, des camions qu’on décharge au petit matin avec l’opiniâtreté de fantassins
C’est au taf qu’elle fit sa connaissance, où il faisait l’ménage malgré des diplômes de barge dans son pays d’naissance
Elle, stagiaire, leur relation étroite s’noua car ils s’faisaient exploiter par la même boîte
Y a qu’chez elle, qu’ils pouvaient trouver d’l’intimité, et chez lui sa désengorgeait un peu l’espace limité
Jusqu’à c’qu’un jour il l’invite à fêter l’titre de séjour d’un d’ses colocs, elle resta sous le choc
C’t’appart aujourd’hui destiné à une arnaque, était celui qu’elle occupait à l’époque de la fac
Du coup d’fil pour intercéder en faveur de son pélo, son reup, n’retient que qu’sa famille s’tape un négro
Négro, aujourd’hui soumis à une O.Q.T.F., elle en vient presque à s’dire qu’elle aurait dû s’occuper d’ses fesses
Depuis deux semaines elle ne vit plus que dans l’appréhension, qu’un vol charter décolle du centre de rétention
[Refrain]
Cherche même pas à comprendre, quand tes convictions s’ébranlent et que le présent s’apparente à s’y méprendre
à l’hémorragie qu’il est futile de vouloir contenir, au calibre impossible à retenir
Cherche même pas à comprendre, quand l’passé, est si sensible que l’frôler c’est comme presser la détente
Qu’un simple regard provoque l’esclandre, et qu’il ne reste de l’innocence que des cendres au mois d’décembre
[L’ancien]
Elle en a 25 quand elle arrive ici
7 ans et demi après un mariage réussi
La santé de ses frères prioritaire a priori
Tout va bien d’après ce qu’elle dit
Snaptchat Tweeter et selfies
Elle n’a plus d’appui qui est-ce qui en profite
De ce personnel à bas prix
Adjacent,
A qui on veut bien offrir le gite
Une sorte d’arrangement
Dans le style du foyer
Où la rumeur dit que pour y rester
L’éduc’ est facile à soudoyer
Juste aux corps, et femmes frêles feront l’affaire
Grand
ça demande pas d’talent exceptionnel
Un peu de cran c’est tout
N’est-ce pas là l’instinct qu’où vous loue
Et le diable raconte ses fables,
Endort les faibles, marche avec leurs femmes
Fait de l’effet, c’est vrai
Les gens ont l’air heureux autour d’elle
S’achètent tout, achètent même en ribambelle
Consomment putes, drogues en grosse somme
Elle suit les conseils pour attirer la clientèle
Habituelle ou non
Demain ne peut être qu’à l’horizon
Serrant ses filles à deux mains
Comme rassurée d’assurer leur protection
Elle se raccroche en des choses comme ça
Comme autour du coup une main de Fatma
Fière malgré tout, toute la joie que lui apporte son foyer
Au milieu de cette merde elle continue de se planquer
En situation irrégulière, sa maîtrise dans le français
C’est ce putain de refrain qu’elle ne cesse de chanter :
Met de la poudre ferme le couvercle
Remue la boîte
Les droits de l’homme c’est juste a droite
Met de la poudre ferme le couvercle
Remue la boîte
Les droits de l’homme c’est juste a droite
[Refrain] [outro]
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6. |
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Le tintement des clochettes le brillant des paillettes
Le spectacle en couleur, L'aventure qui s'achète
Injustices de classe grimées en promotion
La lisse surface du centre ville en carton
Le jour J, le plan B, la ligne C
Monsieur X, la voie E, la face B
De plus en plus étranger m'est cet alphabet
De plus en plus tenace le désir d'y échapper
Le sable est mouvant, la soupe dégueulasse
Le mouvement des gens, qui passent et repassent
Dans ces halls vides que les écrans envahissent
Errent des individus que les liasses délaissent
Vraie fatigue cherche faux travail
Vrai enclôt cherche faux bétail
Les vacances à la mer, un gendre idéal
Dans la chambre de l'enfant, un poster de cheval
Les paillettes les lingots, les strass et le stress
Même plus la peine de les trainer à la messe
Jour et nuit la production s'écoule
Sur la chaine la colonne vertébrale s'écroule
Fatigués, appauvris, amiantés
Corrompus, bien nourris, bien domptés,
On donne des cours à des gens pour écrire des CV
Moi gamine je rêvais de construire des fusées
Animaux domptés, gestes et sourires figés
Des rayons entiers de trucs colorés bien rangés, une indigestion de papier glacé
Billets deuxième classe sommés de rester à leur place
Sous tes yeux dans tes mains le plastique s’entasse
De partout tout l’temps
Des compteurs des écrans
Le temps le vent se vend et s’achète
Même la surveillance est obsolète
Des néons jaunes et roses aux lumières clignotantes
Éclairent doucement les héros les clochards les passantes
Le fou rode, le jeune fraude, l’argent change de main
De grands blocs de béton au milieu du jardin.
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7. |
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[Beufa]
Salut Bernard, sers-moi une limonade bien fraîche
Une fois n’est pas coutume mais j’ai pas l’intention d’être arsouille
J’ai rencard avec la pimbêche du 9ème
Et l’Ancien ouais, t’as des infos ? paraît qu’il est casse-couille
Tu t’doutes bien qu’on s’voit pas pour sucer des glaçons
Pour qu’ces branques s’déplacent y a d’la fraîche au bout d’l’hameçon
Mais t’es bien curieux vieille canaille, patience,
T’apprendras bientôt l’arnaque en ouvrant n’importe quel canard
Les voilà qui rappliquent tant mieux j’aime pas poireauter
et encore moins les poucaves, sans parler d’loyauté
v’là l’pourliche, t’as intérêt à la mettre en veilleuse
tu sais à qui tu dois que sur tes combines les lardus ferment les yeuzes
La greluche qu’on appelle la reine de l’arsenic
n’a rien trouvé d’mieux qu’se maquiller comme une scène de crime
Et c’est ça qu’on appelle l’Ancien ? Mains moites et tête de schmidt
Paye ton équipe, aussi scred qu’une sirène de flic
Les présentations faites, on s’installe dans l’arrière-salle
J’leur explique et même l’Ancien me cale « c’est vrai qu’ça a l’air simple »
un fourgon, 400 briques, « Bravo Monsieur Hakim », me lâche la blonde platine
un peu comme à un bleu qu’on baratine
J’observe cette légende du milieu qui parle tout l’temps d’raccrocher
Vue sa méfiance je suis refait d’avoir pu l’approcher
Quant à la poupée, elle commence à m’plaire
ça devrait l’faire, d’toute façon il est trop tard pour faire machine arrière
[L’ancien]
Toujours les yeux sur les mains de ces deux loubars
Au cas où l’un d’eux essaierait de me doubler
La boutique est réputée, un de ces lieux où il n’y pas d’hasard
Le type qui tient le bar est de quel coté ?
Qu’..qu’est-ce qu’on vous sert ?
Accélère j’suis pas là pour ça,
Comme un actionnaire parle-moi en pourcent
Bah alors ça fait plaisir je vois que t’as sorti la mine des beaux jours
Le cave qui tient le crachoir je m’en méfie,
Il jacte dans un faux argot
Tout le monde sait qu’il a passé à tabac un flic
Tu parles d’un cerveau
La pépète, elle, a l’air de gober
Je la connais, elle est connue des RG
Et des services sociaux suspecte d’être bolcho
C’est pas ces gus que je déteste le plus
Loin de là, mais de là à être dans le consensus
Quatre cents briques
Faut que j’y réfléchisse
Je repère ses tournures,
L’art de la manière quant il s’agit de convaincre
Et je repense à ma femme enceinte
Aller l’ancien tapes-en cinq
Ok on fait le coche et après je raccroche
D’ici-là aucun contact
On se retrouve la veille de la date, avec tout le bazar
Et le plan en tête, ok ?
Y a pas d’intérêt que ça foire
Pas intérêt à ce que l’un de vous deux me laisse choir
Je m’énerve pas j’informe,
Si je vois un bleu je me casse, me carapate à Caracas
Avec toutes la caillasse
soit autant qu’il n’en faut que sur une brigade en uniforme
[Sue]
J’arrive pile à l’heure, le bar est dégueulasse,
ça sent la bière les chips et les petites arnaques
Des histoires de pègre bas d’gamme, ça m’dépasse,
repère de pauv’types et de petites frappes
Le genre d’endroit où on fomente des coups sans ambition,
du genre braquer un Tati une Foir’fouille ou un Champion,
enfin bon, j’repère mon rencard, au comptoir au fond
deux grands méchants, avec l’air un peu con. Merci, pour moi ce s’ra un whisky sans glaçons.
Le cerveau, nerveux, jette des regards anxieux aux alentours,
nous présente son plan dans les moindres détails,
parle fort et avec les mains comme si on était sourds, houlà, je baille
L’autre se tait, concentré, méfiant et ma foi, ressemble moins à un méchant qu’à un plombier
« et c’est comme ça qu’ça va s’passer »
C’est bien pensé j’avoue, bien tordu,
je hoche la tête d’un air entendu mais au fond,
les coups d’feu m’effraient, et je n’aime plus l’action
Je décide de finir seule ce plan à trois,
rapatrier discrètement le grisbi dans mon coffre-fort à moi.
Facile, il me suffit de brouiller quelques pistes,
de jouer la débutante effrayée, admiratrice.
Braquage ratage, dommage, prison ferme,
comme dit l’adage, cherchez la femme
Sur les berges au sortir de ce bar elle se cache
sous une poignée d’main ferme
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8. |
AGCDFAP (L'ancien)
01:27
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Hein,
J’ai l’équipe le shit je veux le liquide et les chèques
tchek
La Manita
J’ai l’équipe le shit je veux le liquide et les chèques
Hein hein
Fin de mois à l’arrache,
Tu captes aps tu prends un coup de shlass
Dicave, je sais qui pousse à bicrave ici,
Le mec se planque a Washington D.C.
J’aurai ou lui ou un de ses employés de banque
Hein
C’est ton guêpier Franck
Personne t’as forcé à signer ici
Bezef,
T’es qu’une merde et aux petites merdes je leur réserve
Comme pour régler mes comptes
Un grand coup de fusil à pompe
putain c’est beau de vivre comme un mafieux
et voir cette meuf de l’accueil me faire les doux yeux
s’il faut répandre la terreur en vrai
C’est partout dans ce milieu pas chez les Albanais
et si encore il suffisait
de buter le bosse pour guérir
ce serait même pas la peine
Y’aurait trop corps,
trop d’porcs à prévenir qu’on est nombreux à vouloir des morts
L’ancien te foutra très vite les morts je l’espère,
et là tu reconnaîtras tes torts
mais dans les cieux et non sur terre
de ne pas l’avoir fait plus tôt,
Illico file prévenir tes sociétaires
Qu’ils réservent des paradis fiscaux pour moi et mes frères
pour les millionnaires une grosse part d’impôts
le monde de la finance est dur,
je m’entoure d’experts qu’ils le veulent ou qu’ils flippent pour leurs mères
hein, l’ancien
la Manita, comme ça
boum,
qu’est ce qu’il dit maintenant hein ?
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9. |
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J’ai des listes de noms et des emplois du temps, tes palais bien cachés ne résist’rons pas longtemps
De la cuisine au coffre, tout sera visité, on te réveillera pas, on est très discrets
Seul indice au matin des traces de boue sur ton parquet si ça te cause du chagrin,
J’n’en suis pas désolée, ferme ton clapet, tu n’es pas mon copain
Tous les trucs que tu as, m’intéressent au taquet, j’aime les miroirs dorés, les couloirs serrés,
Les bureaux en noyer et les jolis parquets, j’préfère le faisan au poulet
J’adore tes canapés, pour y faire du rodéo, invités clandos, le soir dans ton château
Et on va bouffer tous tes homards ça va t’laisser un goût amer
On boira d’la 8.6 dans tes verres en cristal, désinfecte bien ta vaisselle, c’qu’on a c’est viral
Attention Jean-Edouard, Attention Anne-Sophie, restez bien couchés dans le noir si vous entendez du bruit,
On jette un bref regard on retiendra de mémoire, les codes des comptes en Suisse et des placements aux Canaries
T’avais qu’à m’inviter à ta garden party, au lieu de ça, quoi ? tu m’abreuves de mépris,
Ne me jette pas un regard en montant dans ton taxi, ça m’a beaucoup vexée, ça m’a beaucoup aigrie,
et en compensation je me permet d’entrer dans tes châteaux la nuit
Juste pour tromper l’ennui, combler mes consommations et puis
m’refaire deux trois polos Lacoste, pas d’tes cols-blancs atroces
Je f’rai des nœuds d’cravate dans le dos
A tes costumes gris orduriers
Qui sentent la monnaie à plein nez
Qui une fois l’école terminée, ne me laisseront pas le choix ni du salaire ni du loyer
Je connais l’art et la manière mon style de vie est un mystère
A cheval ou à vélo, je te tire des flèches dans le dos
Dans les parkings et caniveaux, je choisis le bas du panier
L’empire tente des percées dans mon cerveau dans ma pensée
A coups d’perceuses et d’chalumeaux ma tête est un fourgon blindé
J’expose les symboles de ma condition comme des trophées sur la ch’minée
Ne lève pas le sourcil si mon coude est sur la table
Je chercherai pas un boulot stable ni un bonne situation
J’me content’rai d’avoir les crocs
Ou bien d’entrer dans ton château, la nuit sans invitation.
[L’ancien]
Sue se montre créative à grands coups de barre de fer
Malgré toutes tes manières préventives sache
Plus la verrière est grande plus tu nous facilites le taf
Entre espèces similaires, que ce soit claire entre nous
J’ai pas l’intention de me satisfaire des restes
J’rentre, j’ouvre tout, je me sers
Remplis le coffre de l’Express
Sur plusieurs courses si nécessaire, si nécessaire
Avec le temps et le maquis, on obtient ces acquis
Tu es devenu bien vite propriétaire
Et si encore nos actes,
Pouvaient te faire goûter a ce que tu appelles l’échec
erreur, au réveil contacte ton cousin le plus proche
un gros bâtard d’assureur
mes environs ne me laissent qu’un choix, qu’un choix
Tout droit sorti du canton Genevois
Les Suisses sont venu à moi
J’ai pris ma part de chocolat
Et 310 litres d’essence dans tes 6 voitures sans grande différence
toutes tes planques sont vides aussi si t’espérais avoir de la chance
ce qui m’intéresse c’est l’espèce pas les robes de chambre
ou tout ce qui s’échange contre des gros billets d’banque
tout ce qui s’échange contre des gros billets d’banque
et si ça nous chante ton château on l’occupe
on a tout un tas de potes qui se préoccupent pour une bicoque
Dès que mars montre son cul
Nous, nous sommes de ceux qui
Une fois les poches remplies
Font qué-cro les potos avec des tonnes de cadeaux aux petits
On fait pas ça que pour notre plaisir non plus
On a appris bien d’autres choses aussi
autant de valeurs méconnues des grands pontes jusqu’au petit Paris
woha t’as vu ca
on s’est fait plaiz’ hein ?
grave
aller il reste deux heures avant le jour on se fait l’autre non ?
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10. |
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11. |
Naufrage (Beufa, Kémar)
03:08
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[Beufa]
J’aurais jamais dû atterrir dans c’bar
Pourtant mes srabs me disaient « on s’tire »
Toujours pareil quand je suis fonskar
Je crois que les autres à la table conspirent
C’est constamment dans des coins peraves qu’on s’perd
Entre hipsters et schlags qui s’la jouent gangsters
A la table s’installent même des vestes Lonsdale
Cocktail explosif pour foutre le bordel
J’emmerde les costards, les pauvres qui se prosternent, qui bavent devant les gros bourges qui prospèrent
Les rockstars, les profs ternes, les videurs qui tapent la pause postés devant des portes austères
J’cause trop trop fort, faut savoir quand s’taire
Trop tard, tout le monde dans le bar m’observe
J’ai commandé et bu au comptoir trop d’bière
Faut payer, pas d’oseille, la salle en colère
Je me fais tej il est 6 heures du zbar (6 heures du zbar !)
Seul face à ce mystère
Toujours couche-tard vouloir tout boire trou noir foutoir mordre la poussière
A c’t’heure sur le pavé me dévisagent des passants hostiles, mais comment osent-ils ?
Ma canette s’écrase sur la vitre au moment où s’éteignent les lumières de la ville
[Kemar]
je comate au fond de la salle d’attente
et colmate les débris de mon corps en morceaux
fébrile, je plane comme en parapente
à la merci des contorsions de mon cerveau
ouvrant une faille dans l’espace-temps
je vois une pluie de comètes fuser par le hublot
je me sens comme un cobaye dans ce guet-apens
mais la nuit faut être rusé, à l’affût de gnôle
je pars dans un délire ésotérique
narre des péripéties homériques
sur mon navire conquérant les 7 mers de Ricard
on chavire car je suis tombé dedans comme Obélix
naviguer en eaux troubles vers des contrées sauvages
quand on voit double c’est risquer le naufrage
les matelots sont ronds, tout le monde sur le pont
faut mettre à l’eau le canot de sauvetage
la situation est critique, mille sabords
évacuation, pas de panique, les enfants et les milf d’abord
à notre âge, on quitte la zone de turbulence
accostage en urgence
semi-inconscient, je meurs à petit feu
alors qu’y a un instant j'étais un demi-dieu
le futal plein de sang, chaque bruit m’éclate les tympans
dans ce silence religieux
les patients sont priés d’attendre sans crier
allongé sur ma civière, les yeux vitreux
je reluque le calendrier des infirmières
comme un vieux vicieux
j’ai des relents de cendrier et de bière
normal vu ce qu’on s’est encore enquillé hier
l’ennui fédère, la nuit rend fort
je me rendors pour oublier nos vies précaires
[ensemble]
Encore un soir où j’aurais dû rester chez moi
Quand je commence à boire, c’est toujours le même schéma
Au verre de trop l’ambiance devient malsaine
Un regard de travers, et la rue s’transforme en arène
Un verre, ça va, deux verres, ça va mieux
Mais à ce rythme-là, on vivra pas vieux (x3)
C’est la Manita, Kemar et Beufa
Pour une petite cuite à deux !
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La Manita Auvergne-Rhône-Alpes, France
"Après des nuits d’ivresse à cracher Anfalsh aux oreilles des potes..."
La Manita, c'est
un collectif à géométrie variable réunissant des rappeurs et rappeuses originaires de Rhône-Alpes
Mais non, panique pas, ici c’est juste La Manita !
... more
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